Introduction

Le TRS (Taux de Rendement Synthétique) est aujourd’hui l’indicateur le plus utilisé dans l’industrie manufacturière pour mesurer la performance réelle des équipements. Il ne s’agit pas d’un simple KPI technique : il reflète la capacité de votre atelier à produire au bon rythme, avec le bon niveau de qualité, sans interruption inutile.

Dans un contexte où les chaînes d’approvisionnement sont tendues et où chaque minute d’arrêt peut représenter des dizaines, voire des centaines de dollars perdus, maîtriser le TRS est devenu un impératif stratégique. Suivre cet indicateur permet aux entreprises d’améliorer leur productivité, de réduire leurs coûts d’exploitation et d’augmenter la fiabilité de la production.

Ce guide complet vous explique comment mesurer, analyser et optimiser le TRS de vos machines-outils, grâce à une méthode structurée, progressive et adaptée aux réalités de l’atelier.

Qu’est-ce que le TRS ? (Définition, objectifs et enjeux industriels)

Le TRS quantifie la performance réelle d’un équipement à travers trois dimensions :

  • Disponibilité : le temps pendant lequel la machine produit réellement.
  • Performance : la cadence de production effective.
  • Qualité : le pourcentage de pièces conformes.

Ces trois composantes permettent d’obtenir une vision globale et précise de l’efficacité d’une machine-outil. Contrairement à un taux d’utilisation simple ou à un suivi des rebuts isolé, le TRS donne une vision multidimensionnelle qui met en évidence les pertes cachées.

Pourquoi le TRS est-il si important ?

Parce qu’il révèle :

  • Les temps d’arrêt que personne ne voit (micro-arrêts, pauses non déclarées, lenteurs).
  • Les pertes de vitesse réelles (machine mal entretenue, outils émoussés, mauvaise programmation CNC).
  • La qualité globale (taux de rebuts, retouches, pièces non conformes).
  • Les performances par opérateur, par quart, par programme ou par machine.

Un atelier peut penser fonctionner à 80 %, alors qu’en réalité il est plutôt autour de 55–60 %. Le TRS met en lumière cet écart entre performance perçue et performance réelle.

Superviseur analysant un tableau de bord TRS JITbase en temps réel, montrant la disponibilité, la performance, la qualité et l’état des machines CNC dans un atelier industriel.

Les trois composantes du TRS (explications détaillées + exemples)

1. Disponibilité : réduire les arrêts pour produire davantage

La disponibilité mesure la part de temps réellement productive.
Elle est impactée par :

  • Les pannes imprévues
  • Les réglages trop longs
  • Les changements d’outils
  • Les absences d’opérateurs
  • Les arrêts liés aux matières ou aux outils

Exemple détaillé :
Une machine de tournage prévue pour fonctionner 8 h a subi :

  • 30 min de réglage
  • 25 min de panne
  • 20 min d’attente matière.

Temps productif réel : 6 h 45
→ Disponibilité = 6,75 ÷ 8 = 84,3 %

2. Performance : produire à la bonne cadence

La performance compare la cadence réelle à la cadence théorique de la machine.

Elle est influencée par :

  • L’usure des outils
  • Les programmes CNC sous-optimisés
  • Les limitations liées au bridage ou aux pièces spécifiques
  • Les ralentissements dus à un manque d’opérateur

Exemple détaillé :
Cadence théorique : 100 pièces/h
Cadence réelle : entre 80 et 95 pièces selon les aléas
→ Performance moyenne : 88–93 %

3. Qualité : maîtriser les rebuts et retouches

La qualité mesure le pourcentage de pièces conformes fabriquées du premier coup.

Principales sources de non-qualité :

  • Mauvais paramètres de coupe
  • Défauts de matière
  • Mauvais bridage
  • Erreurs humaines
  • Usure outil non détectée

Exemple détaillé :
Sur 300 pièces produites :

  • 273 conformes
  • 27 hors tolérances

→ Qualité = 273 ÷ 300 = 91 %

TRS final : transformer les données en indicateur global

Utilisons les trois exemples précédents :

  • Disponibilité = 84,3 %
  • Performance = 90 %
  • Qualité = 91 %

→ TRS = 0,843 × 0,90 × 0,91
→ TRS ≈ 69 %

Cet exemple illustre un cas classique : un atelier performant sur le papier peut en réalité perdre 30 % de productivité.

Étape 1 : Collecter des données fiables (la base d’un TRS utile)

Pour suivre un TRS fiable, les données doivent être précises, complètes et faciles à exploiter.

Sources de données recommandées

1. Données automatiques (idéal)
  • Capteurs IoT pour détecter les cycles et états machine
  • Passerelles industrielles pour capter les signaux (0/24V, Modbus, OPC-UA)
  • Connexion directe CNC (Fanuc, Haas, Mazak, DMG Mori)

Les données automatiques sont la clé d’un TRS exact, sans décalage ni oublis.

2. Données semi-automatiques

Les opérateurs complètent les causes :

  • Arrêt pour bris d’outil
  • Attente matière
  • Problème de planification
  • Contrôle qualité prolongé

Ce type de saisie reste indispensable pour comprendre le « pourquoi » derrière les données machine.

3. Données manuelles (dernier recours)

Excel, papier, fiches suiveuses…
Très répandu, mais peu fiable :

  • Oublis fréquents
  • Arrêts non déclarés
  • Temps arrondis
  • Interprétation subjective.

Un TRS manuel est souvent surévalué (de 10 à 25 % en moyenne).

Étape 2 : Calculer correctement le TRS (méthodologie approfondie)

Pour obtenir un KPI fiable :

  • Utilisez des périodes cohérentes (quart, jour, semaine).
  • Séparez les arrêts planifiés (pause, maintenance) des arrêts imprévus.
  • Respectez les cadences théoriques machines, pas celles désirées.
  • Intégrez les rebuts dans le calcul qualité.
  • Standardisez les règles pour tous les postes.

Cette standardisation permet de comparer :

  • Machines entre elles
  • Quarts entre eux
  • Programmes CNC
  • Familles de pièces
  • Années N/N-1

Étape 3 : Centraliser et analyser le TRS (faire parler les données)

Une bonne analyse du TRS nécessite :

1. Un tableau de bord clair

Avec :

  • TRS par machine
  • TRS par quart
  • TRS journalier / hebdomadaire
  • Disponibilité / Performance / Qualité séparées
  • Historique sur plusieurs mois

2. Des graphiques pour voir les tendances

Exemples utiles :

  • Courbe des arrêts
  • Histogramme des causes racines
  • Taux de rebuts par famille de pièces
  • Comparaison avant/après amélioration
  • Suivi de disponibilité par type d’arrêt

3. Des alertes intelligentes

Exemples :

  • Disponibilité < 80 %
  • Performance en baisse sur 3 jours
  • Rebuts > 5 %
  • Temps d’arrêt machine > 15 min

Les outils modernes détectent ces anomalies en temps réel.

Étape 4 : Identifier les pertes (méthode d’analyse des 6 grandes pertes)

L’AMDEC, le TPM et le Lean Manufacturing divisent les pertes en 6 catégories principales.

1. Pannes imprévues

  • Bris d’outils
  • Défauts électriques
  • Avaries mécaniques

2. Changements de série

  • Réglage CNC
  • Montage d’outillage
  • Contrôles initiaux

3. Micro-arrêts

  • Blocage copeaux
  • Capteurs défectueux
  • Décharges automatiques des machines

4. Vitesse réduite

  • Outils usés
  • Paramètres trop conservateurs
  • Usure mécanique

5. Non-conformités

  • Défauts de dimensions
  • Mauvaise finition
  • Mauvais positionnement

6. Temps d’attente

  • Attente opérateur
  • Attente matière
  • Attente programme CNC

Identifier ces pertes permet de prioriser les améliorations à plus fort ROI.

Module IoT connecté à une machine-outil CNC pour la collecte automatique de données TRS en temps réel, avec voyants lumineux et panneau de contrôle industriel.

Étape 5 : Mettre en place des actions correctives (avec exemples concrets)

Chaque entreprise peut améliorer son TRS rapidement en ciblant les actions les plus rentables.

1. Actions courantes et efficaces :

  • Mise en place d’un SMED pour réduire les réglages
  • Optimisation des outils (choix, durée de vie, stratégie d’usinage)
  • Ajout d’un planning machine plus clair
  • Automatisation de la collecte TRS
  • Standardisation des programmes CNC
  • Formation des opérateurs aux bonnes pratiques
  • Mise en place de routines TPM

2. Exemple réel d’amélioration TRS

Avant :
Pertes liées aux changements d’outils → réglage de 22 min

Après SMED + outillage modulaire :
Reglages réduits à 7 min → Disponibilité + 5 % → TRS + 3 points

Étape 6 : Suivre les progrès à long terme (programme d’amélioration continue)

Le TRS doit être suivi :

  • Quotidiennement pour détecter les anomalies
  • Hebdomadairement pour piloter les équipes
  • Mensuellement pour planifier les investissements

Un bon TRS :

  • < 50 % : atelier en forte inefficacité
  • 50–65 % : marge d’amélioration importante
  • 65–75 % : niveau correct
  • 75–85 % : excellent
  • 85 % : exceptionnel (rare en usinage)

Ce suivi régulier transforme le TRS en outil stratégique de pilotage industriel.

Outils numériques recommandés pour un TRS précis

1. MES / GPAO / CAPM

  • Collecte automatique
  • Analyse TRS
  • Suivi des arrêts
  • Rapports consolidés

2. IoT industriels

  • Connexion rapide aux CNC
  • Détection automatique des arrêts
  • Mesure des cycles

3. Tableau de bord TRS

  • Temps réel
  • Visualisation simple
  • Alertes

Avec ces outils, l’entreprise supprime les erreurs humaines et obtient un TRS fiable à 100 %.

Maximisez votre TRS et accédez à une production 100 % connectée et optimisée.

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Conclusion

Le TRS est un indicateur fondamental pour comprendre la performance réelle de vos machines-outils.
En combinant :

  • une collecte de données fiable,
  • une analyse rigoureuse,
  • des actions correctives ciblées,
  • et un suivi continu,

vous pouvez augmenter votre productivité, réduire vos pertes et améliorer la rentabilité de votre atelier.

Avec les solutions modernes IoT et MES, suivre et optimiser le TRS n’a jamais été aussi simple.